Puno - La Paz : 235 km et une frontière, le trajet devait durer sept heures ...

Premier arrêt à la frontière. Comme prévu, il a fallu passer les deux postes de douanes à pied, heureusement sans les sacs, d'autant qu'il n'y avait aucune indication. Une australienne qui faisait la queue devant nous au poste bolivien s'est vue refoulée parce qu'elle n'avait pas le tampon de sortie péruvien. Elle est donc retournée en arrière et a gagné le droit de refaire la queue, elle était furax ! Mais la surprise du jour était ailleurs : sur la route une cérémonie était organisée et bloquait complètement la circulation. Nous avons donc dû attendre notre bus une bonne demie-heure, ce qui nous a permis de prendre de belles photos de bolivien(ne)s en tenue traditionnelle.

Cinq kilomètres plus loin, nouvel arrêt pour changer de bus et faire la pause-déjeuner, à Copacabana, petite station balnéaire sur le lac Titicaca. Au XVIIIe siècle, un moine de la région a fait naufrage au large de Rio de Janeiro. Il a prié la Vierge de Copacabana de sauver l'équipage, chose faite ! Le nom a été donné à la plage sur laquelle ils avaient échoués.

Lorque nous reprenons la route, nous suivons une très jolie crête surplombant le lac. Nouvel arrêt pour le traverser sur un bac rustique. Par précaution, les passagers embarquent sur un autre bateau. Il ne reste plus qu'à traverser l'Altiplano dominé par la Cordillère Royale enneigée mais bien ennuagée. Nous voici enfin à La Paz après dix heures de trajet. Ouf !

Depuis l'arrivée d'Evo Morales au pouvoir, le pays a changé de nom et s'appelle désormais "'état multinational de Bolivie". Un nouveau drapeau représentant les peuples indiens est systématiquement accolé au drapeau national et 37 langues autochtones sont officialisées. La Paz est vraiment une capitale unique : par son altitude, bien sûr, puisqu'elle s'étage de 3200 à 4000 mètres au pied du volcan Illimani, par sa circulation chaotique et polluante (beaucoup de transports en commun hors d'âge), par l'absence d'un vrai centre historique intéressant. A noter, l'utilisation intelligente de téléphériques urbains pour essayer de désengorger la ville. Trois existent déjà, deux sont en construction et cinq autres en projet. Nous avons d'ailleurs pris la ligne jaune qui monte jusqu'au quartier d'El Alto pour nous rendre compte de l'étendue en trois dimensions de la ville.

Nous l'avons pris sur les conseils du médecin de l'ambassade de France, que Claude a consulté le matin. Nouveau traitement de choc et nous espérons qu'elle retrouvera toute son énergie sous peu. Ce médecin nous a donné un livre qu'il a co-écrit avec un confrère bolivien sur les effets de l'altitude, notamment sur les populations andines mais qui a également pour but de rassurer les voyageurs inquiets. Nous y apprenons plein de choses intéressantes.

Nous suivons également un "city tour" mené par deux jeunes lapacenas qui parlent très/trop bien anglais. Elles nous montrent la prison des voleurs et des trafiquants où règne la loi du plus riche ; tout s'achète, même, surtout, la sécurité. Il n'y a pas de policier à l'intérieur, les caïds appliquent leurs règles. Elles nous conduisent également au marché aux offrandes. Bien que catholiques, tous les boliviens respectent toujours les vieilles croyances de Pachamama et Pachapapa. Pour une guérison, la réussite à un examen, une promotion, l'achat ou la construction d'une maison, bref, pour tout ou presque, ils demandent l'aide de Pachamama et lui font des offrandes. Le plus souvent des sortes de bonbons en sucre mais parfois, quand c'est vraiment important, des foetus de lamas ou des bébés lamas morts nés !

Nous quittons La Paz sans avoir profité de la Cordillère Royale. C'est bien dommage, mais la priorité est de récupérer complètement pour profiter de la suite du voyage.