C'est reparti pour un nouveau road trip : après trois heures de bus entre Montréal et Québec, nous récupérons notre voiture, une belle Chevrolet blanche (qui ne va pas rester blanche longtemps), et longeons le Saint-Laurent sur la Transcanadienne que nous avions quittée à Banff, en direction de la Gaspésie. Une fois n'est pas coutume, nous dédaignons le camping pour passer une nuit chez l'habitant. L'envie de rencontrer du monde et d'échanger avec les gens du cru prend le dessus sur le souci d'économie. Nous sommes très bien tombés, notre hôtesse est enjouée, très sociable et son accent comme ses expressions nous réjouissent. Nous passerons une excellente soirée.

Mais comme tout ne peut pas être rose dans un voyage au long cours, le lendemain est une journée "à oublier" :

- Pluie le matin,

- Pas de phoques et marée basse au parc national du Bic, parc marin qui devait être divin,

- Détour inutile de 80 kilomètres vers la réserve faunique de Matane, réputée pour ses orignaux. Nous y arrivons trop tard, elle est fermée et réservée aux chasseurs depuis 48 heures.

La loose quoi !!!!

La journée suivante commence aussi sous la pluie et nous sortons pour la première fois pantalon et veste Goretex pour nous balader. Heureusement, le temps se dégage dans l'après-midi.

Toujours à la recherche des "mooses" (orignaux est le terme ad hoc, mais "moose" est adopté par la famille depuis un voyage dans les Rocheuses de ma soeur), nous gagnons un observatoire réputé (boucle de deux heures de marche) mais ne voyons rien si ce n'est les belles couleurs d'automne des fougères et des bouleaux. Nous ne nous décourageons pas, et après d'autres points de vue en voiture tout aussi stériles, nous repartons en fin de journée pour la même boucle de deux heures. Persévérance qui va payer, puisque nous verrons, au loin, un beau grand mâle avec son panache luisant au soleil couchant.

La journée suivante fera sûrement partie des plus marquantes de ce séjour québécois. Nous faisons une longue randonnée au mont Albert. Le temps est magnifique, les paysages sont variés et les couleurs d'automne embellissent la végétation. Nous sommes "bien chânceux" comme nous le dit un garde du parc, car nous trouvons huit caribous sur le plateau sommital, très proches du chemin. Il faut savoir que seulement quarante spécimens arpentent ce plateau de 22km2. Nous nous croirions dans la toundra lapone, d'autant plus qu'un petit vent frais nous accompagne.

A la montée, nous avions vu deux femelles mooses, proches mais cachées dans les branchages très denses. A la descente, en traversant un sous-bois moussu et lumineux, Claude pressent nettement la présence d'un moose et met tous ses sens aux aguets. Gagné, elle trouve THE moose ! Un jeune mâle de quatre ou cinq ans se repose, indifférent à notre présence. Nous sommes aux anges !

Nous trinquerons à ce moose dans un petit café à l'ambiance très chaleureuse. En plus, nous y avons très bien mangé.

Le jour suivant, nous arrivons au bout de la Gaspésie, dans le parc de Forillon, en bord de mer, où nous ne verrons ... rien ;-) si ce n'est quelques phoques un peu lointain et ... deux porcs-épics dans le camping. La nature reste cependant très belle sous un soleil toujours fidèle. Nous sommes ici au "bout du monde" (ça s'appelle comme ça), à 5000 kilomètres plein ouest de NOTRE bout du monde, la Pointe du Raz.

Nous partons vers Percé pour y voir une colonie de fous de Bassan réputée. En route, à Gaspé, ville dans laquelle, en 1534, Jacques Cartier débarqua et planta une croix officialisant la propriété du roi de France, nous serons alpagués par un monsieur passionné par l'histoire de sa ville. Notre pause de dix minutes durera une bonne heure ! Belle rencontre enrichissante.

Départ en bateau pour l'île de Bonaventure, en face de Percé : c'est encore un grand moment. Un naturaliste du parc, passionnant lui aussi, nous donne moult explications sur l'histoire, la géologie, la faune et la flore de ce lieu. La colonie d'oiseaux (110 000 adultes) est impressionnante. En faisant le tour de l'île à pied, nous avons le plaisir d'assister à un rassemblement de phoques, qui conclue fort bien cette belle journée.

Fin de la Gaspésie, demain nous partons à la rencontre de nos cousins acadiens.