Acadie   

Pendant deux jours nous avons suivi la Stella Maris, qui guide les Acadiens depuis 1604, en longeant les côtes Nord puis Est du Nouveau-Brunswick à la rencontre de ces autres cousins d'Amérique. Nous choisissons de dormir chez l'habitant pour nous immerger encore plus. Bon choix, notre hôte Jean-Philippe et son colocataire sont vraiment très accueillants et chaleureux. De plus, Jean-Philippe, qui est brasseur et distilleur, nous fait goûter neuf des alcools qu'il fabrique. Claude apprécie tout particulièrement le gin et un whisky en devenir très prometteur mais trop jeune pour être commercialisé sous le nom de wisky ("eau d'août", une petite touche de sirop d'érable, un an d'âge), Pascal préfère le rhum ambré. L'histoire des acadiens est vraiment singulière et mérite d'être connue. Nous vous invitons à surfer sur wikipédia et autres sites. Très fiers de leurs origines, ils affichent leurs couleurs tricolores un peu partout : en décoration dans les jardins, sur les plaques d'immatriculation, sur les poteaux électriques ... Tous les supports sont bons. Aujourd'hui, ils représentent un tiers de la population dans cette province, la seule à être officiellement bilingue. Nous visitons un site inhabituel : un village composé d'une vingtaine de vieilles maisons (datant de 1775 à 1915) réparties en trois hameaux (18°, 19° et 20° siècles). Chacune de ces maisons est habitée d'une personne en tenue d'époque qui explique l'histoire des vrais propriétaires et exerce son métier (menuisier, imprimeur, garagiste etc.). Toujour passionnés, souvent passionnants, ces personnages ne jouent pas une comédie bien écrite mais vivent vraiment une histoire. Nous ne voyons pas le temps passer et terminons dans le bar d'un hôtel de luxe reconstitué, à jouer aux dames et à jaser avec les locaux en riant de leurs expressions spécifiques. Un beau voyage dans le temps.

Lors de la deuxième journée acadienne, nous essayons de voir des oiseaux d'eau dans les nombreux barachois de la côte. Mais, il semble qu'ils ont tous commencé leurs migrations. Un seul petit pluvier siffleur (espèce en voie de disparition) et quelques rares bécasseaux semi-palmés sont encore là. Tant pis, nous partons manger du homard à Shédiac, la capitale mondiale de ce crustacé. Comme nous arrivons un peu tard, les poissonneries sont fermées et nous ne pouvons pas en ramener au camping, nous allons donc au restaurant ! Si, si, c'est possible ! Et nous nous régalons.


Nouvelle-Ecosse (Nova Scotia)

Beaucoup de route pour traverser presque toute la Nouvelle-Ecosse et atteindre son extrémité nord, l'île de Cap-Breton. La météo est écossaise, tout comme l'inventeur de génie que nous (re)découvrons ici, Alexander Graham Bell. Un musée lui est consacré dans le village de Baddeck où nous faisons notre première étape. Un grand monsieur, pas seulement l'inventeur du téléphone, mais un génie créatif multi disciplinaire. Il a aussi la particularité d'avoir beaucoup oeuvré pour les sourds-muets. Il a d'ailleurs épousé l'une de ses élèves sourdes. Nous ne pouvons que vous inviter une fois encore à (re)découvrir les multiples facettes de ce scientifique hors du commun et de sa famille. Un régal pour une orthophoniste !

Le lendemain, après une nuit pluvieuse, le temps reste bien maussade et ne nous aide pas vraiment à apprécier le tour de Cap Breton par une route touristique, la "Cabot Trail". Nous sommes globalement déçus et ce n'est pas uniquement dû à la météo. La saison est terminée et les villages traversés sont un peu morts, et en plus, aucun moose en vue ... Nous regrettons d'avoir fait autant de route (détour de mille kilomètres quand même !).

L'autre bon moment de ce grand détour, après Graham Bell, est la visite de la forteresse de Louisbourg, une reconstitution d'une place forte française dont la chute en 1758 marqua la fin de l'Acadie française. Des gens en costume habitent et animent le site. Une belle réussite ! Nous y mangeons avec une famille de français qui étaient nos voisins de camping, et les seuls "fous" aux yeux du propriétaire, pour dormir sous la tente sous la pluie. Mais pour eux, le verdict était encore plus sévère, car ce jeune couple voyage à vélo avec trois enfants (un, trois et sept ans). Nous les avons trouvés très intéressants et très sympathiques.

Sur la route du retour vers le Saint-Laurent, nous faisons un arrêt aux rochers de Hopewell, rochers dont la base est laminée par les eaux de la baie de Fundy, baie qui connait des marées parmi les plus grandes du monde.

Notre deuxième arrêt sera ... au musée de la patate. Mais si, ça existe ! Il a été créé par monsieur Mc Cain, qui produit un tiers des frites mangées dans le monde ! Pour info, les responsables ne cachent pas qu'ils déversent des produits chimiques trois semaines avant la récolte pour tuer les feuilles et favoriser le durcissement des tubercules, plus faciles, ensuite, à transformer en frites. Une fois blanchies, celles-ci sont recouvertes d'une solution sucrée qui réhausse le goût et leur donne leur couleur dorée ! Miam !


Durant les longues heures de route, nous en profitons pour écouter la radio et apprécions leurs émissions culturelles et d'information. Les analyses sur la politique française et américaine sont pertinentes, le bon français employé est très plaisant à écouter et nous savourons accent et expressions typiques.