Après une nuit dans le bus, nous arrivons à Cusco au petit matin d'un dimanche très particulier, car c'est le recensement et tous les péruviens doivent rester chez eux jusqu'à 18 heures. Le centre-ville est désert et silencieux, ce qui est tout à fait inhabituel. En effet, ici, la circulation est un peu folle dans des ruelles très étroites et avec des trottoirs hyper réduits. Notre premier contact avec la "ville de l'Inca" est donc très agréable, et nous pouvons nous promener tranquillement.

Claude n'étant pas remise de sa bronchite, nous décidons de prendre des cours d'espagnol pendant une semaine. Cela nous servira pour les deux mois à venir et permettra une plus grande acclimatation encore. Notre professeur est particulièrement expressive, et notre camarade de classe est une jeune allemande qui vient travailler bénévolement avec des enfants pendant deux mois. Pour la première fois depuis longtemps, nos journées sont rythmées : matinée à l'école, déjeuner super économique dans une des gargotes du marché voisin, puis tourisme pour visiter les nombreux couvents ou musées de la ville (souvent installés dans d'anciens couvents !) et, enfin, révision d'espagnol. Ces vingt heures de cours ont été très profitables, et comme ils étaient en anglais, nous travaillions deux langues en même temps ! Claude, notamment, a maintenant une certaine aisance. Il va falloir continuer à apprendre du vocabulaire et ne pas oublier la grammaire. Peut-être reprendrons-nous une nouvelle semaine de cours à Sucre en Bolivie, où il y a, parait-il, de bonnes écoles.

Nous sommes à 3400m, et la saison des pluies commence à s'installer. Autant dire qu'il fait frais dès que le soleil disparait. Tous les jours, une averse plus ou moins longue nous oblige à garder les Goretex et le parapluie à portée de main. Nous avons le plaisir de retrouver plusieurs voyageurs déjà rencontrés à Huaraz ou à Arequipa, dont un couple de québécois vraiment très sympathique. Avec eux nous faisons un extra gastronomique pour goûter de l'alpaga - viande rouge succulente qui était, de plus, très bien préparée. Un régal, peut-être le meilleur repas depuis notre départ ! Il y a aussi de nombreux restaurants "organics" (bio) à prix très abordables ; sans devenir végétariens, nous en fréquentons plusieurs.

Claude n'est toujours pas remise, mais nous partons pour deux jours au Machu Picchu. Advienne que pourra.

Le Machu Picchu n'est pas facile d'accès, surtout quand on ne veut pas payer le train le plus cher du monde (180 USD pour 60 km). Nous voici donc parti pour six heures de bus jusqu'à Hydro Electrica, village à partir duquel il faut marcher onze kilomètres le long de la voie ferrée pour gagner Aguas Calientes. Nous y arriverons après deux bonnes heures, bien transpirants dans la moiteur de la jungle. Nous y trouvons notre guide qui nous indique notre hôtel et nous donne toutes les indications pour le lendemain. A savoir : lever à quatre heures pour monter à pied et arriver à l'entrée du site à l'ouverture dès six heures. A deux heures du matin, une grosse averse nous réveille ... elle ne s'arrêtera pas à quatre heures !!! Nous partons donc équipés en Goretex de la tête aux pieds. Heureusement, elle se calme assez vite, mais la brume reste très dense. Quatre cents mètres plus haut (que de marches !), quand nous arrivons, nous ne voyons ... rien ! Là encore, heureusement, la brume se lève peu à peu, ce qui donne beaucoup de charme au lieu. Pour autant, nous ne verrons pas le soleil. Le site du Machu Picchu, même dans ces conditions, est impressionnant et vaut vraiment le détour. Claude en gardait un très bon souvenir sous le soleil, et le trouve tout aussi saisissant sous la brume. En attendant le bus du retour, le temps s'éclaircit enfin et se réchauffe, les moustiques se réveillent et viennent nous agresser sauvagement.

La journé suivante est également typée "Inca", nous partons visiter la "Vallée sacrée" en tour organisé à la japonaise. La guide tient fermement la montre et la visite de chacun des cinq sites se fait au chronomètre, mais c'est la seule façon d'y arriver en une journée et ça ne nous dérange pas outre mesure. Cette vallée était le grenier des Incas, elle est toujours très verte avec quelques jolis bosquets d'eucalyptus, et des sommets enneigés qui la dominent fièrement. Le site le plus photogénique est la saline de Maras où plus d'un millier de petits bassins s'étagent à flanc de colline. Les dégradés d'ocre des eaux salées se marient parfaitement au blanc étincelant des cristaux de sel. Superbe ! Les trois sites archéologiques de Chinchero, Ollantaytambo et Pisac sont d'anciens villages Incas avec leurs terrasses parfaitement conservées qui grimpent sur des pentes parfois très raides. Et, le plus spectaculaire et le plus original est le centre de recherche agronomique de Moray. Là, les Incas ont aménagés trois petits cirques naturels en terrasses pour tester diverses espèces de pommes de terre (plus de trois mille ! ), maïs, quinoas et autres ... Chaque terrasse est à une température différente et, dans la partie inférieure, ils pouvaient cultiver des produits tropicaux en hiver ! De retour à Cusco, nous savourons un bon diner péruvien : truite pour Claude et cuy (cochon d'inde) pour Pascal - ce n'est pas mauvais mais la peau est vraiment difficile à décoller, il faut impérativement manger avec les doigts. Claude avait déjà testé il y a une vingtaine d'années.


Santé toujours défaillante pour Claude, qui fait pitié à tous ceux qui l'entendent. Chacun y va de sa recette miracle. La dernière en date est proposée par une chinoise très avenante ce matin : une orange que l'on parsème de sel et que l'on cuit au bain marie pendant 20 minutes. Cette jeune femme, boudhiste, très cultivée, ne se soigne que de façon naturelle. Cette recette fonctionne à merveille pour elle. Elle préconise deux jours de traitement. Je vous ferai connaître le résultat. Pour l'instant, rien n'a fonctionné, des antibiotiques aux antitussifs, des expectorants aux anti-inflammatoires, en passant par le baume du Tigre et le Mate de Coca avec citron ... Le souffle reste très très court et un gros point douloureux dans la poitrine résiste !

Après ces trois journées bien remplies, nous nous accordons un temps de repos avant de reprendre la route en direction du lac Titicaca.