Le temps est vraiment élastique et subjectif. Nous sommes depuis seulement une semaine au Mexique et pourtant, le Québec nous semble très très loin.


La suite de nos aventures maya nous mène au Chiapas pour y découvrir trois cités majeures : Palenque, Bonampak et Yaxchilan. Cette province est bien connue depuis l'insurrection du sous-commandant Marcos dans les années 1994-97. Et effectivement, il y a une forte présence militaire ici, un check-point gigantesque est même installé à la frontière avec la province voisine de Tabasco (comme le fameux condiment pimenté) où toutes les personnes entrant au Chiapas sont photographiées.

Une relecture du Routard nous fait rapidement éliminer le site de Yaxchilan, qui est infesté de moustiques et vivement déconseillé en saison des pluies. N'insistons pas, nous nous contenterons des deux autres.

Nous allons donc à Bonampak en aller-retour depuis Palenque où nous avons un superbe hôtel. Cent quarante kilomètres seulement, mais de grosses averses, des travaux, des camions et beaucoup de "topes" - vous savez, les fameux énôrmes ralentisseurs - font que nous mettrons 2H30 dans chaque sens pour une heure de visite in situ. Ce site se mérite, mais il vaut vraiment la peine. Sur place, comme nous sommes chez les indiens Lacandons, il faut payer en trois fois pour que chacun s'y retrouve : entrée dans la communauté, taxi pour l'emploi des locaux et entrée de la zone archéologique pour le gouvernement. Mais, au total, ce n'est pas plus cher qu'au Yucatan et on peut espérer que la manne touristique est mieux répartie. De plus, les derniers neuf kilomètres ne sont pas goudronnés, le taxi préserve donc notre belle voiture de location. Au retour, la pluie aura fait tomber un petit arbre sur la route, que le conducteur ira couper avec sa machette (outil indispensable qu'il faut toujours avoir entre le cric et la manivelle). Ici, pas de grande pyramide ou de palais imposant mais trois très belles stèles gravées et surtout trois ensembles de fresques murales somptueuses. Elles ornent un petit temple et sont les seules de cette civilisation à être parvenues jusqu'à nous dans un si bon état de conservation, une aubaine pour les archéologues et un émerveillement pour les yeux des visiteurs, même si les sujets représentés sont un peu "gores" : scènes de torture et auto-sacrifice du roi et de sa suite (cordelette dans la langue pour faire couler le sang !).

La cité de Palenque connut son apogée entre 600 et 700, sous le règne du roi Pacal (sans s). Cette époque correspond à de grandes avancées de la civilisation maya, notamment l'écriture glyphique et le calendrier. L'architecture est très différente de celles de ChichenItza et Uxmal, cités moins anciennes. Les monuments sont imposants et forment une belle composition au milieu de la jungle. Et, belle surprise, le musée renferme de magnifiques stèles gravées de nobles personnages et/ou de glyphes, une somptueuse collection d'encensoirs en terre cuite, sculptés de figures humaines, divines et animales ainsi qu'une passionnante reproduction du tombeau du roi Pacal.


Sur la route qui nous ramène vers le Yucatan, Claude s'amuse, entre deux "cours" d'espagnol (on progresse) à mémoriser l'alphabet phonétique de l'OTAN (ou alphabet radio international) et devient très performante pour épeler tous les mots les plus incongrus proposés par Pascal. Moins fonctionnel que l'espagnol, mais c'est fun !